A quarante ans, Paul est un tantinet désoeuvré. Il n’aime plus son travail, une activité avilissante qu’il n’a pas vraiment choisie. Il déteste ses collègues, de sombres idiots jaloux les uns des autres, et son patron, un homme prétentieux et vulgaire. Il est exaspéré par son voisin, un forcené du vélo donneur de leçons. Quant à son dentiste, il vient d’avoir liée saugrenue de partir en vacances sur l’île de Mona au moment ou Paul souffre d’une rage de dents…Plus rien à perdre ! Rêvant de se la couler douce au soleil comme les iguanes sur l’île de Mona, il décide alors de “sécher” le travail et de partir à l’aventure… dans le quartier ! Tout ceci pourrait mal se finir…Mais Paul peut compter sur le soutien de son épouse, la sérieuse et délicieuse Kate, prof de français à l’université, sur son petit génie de fils Milan, qui parle comme un livre, et surtout sur son chien Pomme, un bon gros briard complice de ses errances.
Un roman désopilant où la mélancolie le dispute à l’humour, et un très beau portrait d’homme au milan de sa vie, pris entre Sion passé et ses rêves. La plume parfois féroce mais toujours pleine d’esprit et de poésie de Michaël Uras fait de nouveau mouche.
Ce joli roman a été édité le 27 mai 2020 aux Editions Préludes.
Allez vite vous plonger dans l’univers bien singulier, tellement bon et quoique bien déroutant également de Michaël Uras, vous n’en sortirez pas déçu du tout…
Dans ce livre à l’ allure bien triste et bien mélancolique ou nous suivons la vie de Paul, marié père de famille…. le portrait du quarantenaire type… mais qui s’ennuie tellement dans son travail qu’il ne supporte plus.
Il vit plus en tant que co locataire avec son épouse Kate, professeure de lettres à l’université et passionnée par la langue française ( d’ailleurs j’ai appris un tas d’anecdotes dans ce roman !) , il n’a aucune autorité sur son chien et est un peu dérouté face à son fils…
Finalement c’est une forme de burn out qui l’attaque, qui le ronge sournoisement, comme les larves rouges xylophages qui attaquent sa maison et qu’il s’évertue à combattre comme sa déprime sans en parler à son entourage … Engrenage, mensonges , non-dit… sous forme d’humour et de tristesse tout au long des pages…
Paul voudrait se retrouver comme son dentiste sur l’ile de Mona et devenir une iguane à paresser, dormir toute la journée soleil …
ne plus rien avoir à faire, ne plus penser, ne rien dire …
J’ai adoré les réflexions de Milan le fils bien précoce de Paul…:
” – Papa, je peux te poser une question?
– Bien sûr.
– Tu aimes ta vie?
– Pourquoi me demandes-tu ça?
– Parce que tu soupires souvent.
– Et ?
– Les soupirs sont une marque de lassitude. Au collège, l’autre jour, un élève a été puni parce qu’il soupirait. Le prof avait donné un long travail à faire.
– Alors, je serais sans cesse puni.
– Exactement. Alors, papa, tu peux répondre à ma question ?
– Bien sûr que j’aime ma vie. Je suis heureux avec toi et maman.
– Pourquoi soupires-tu , si tu l’aimes tant?
– C’est un truc d’adulte. Tu comprendras plus tard.
– Tu esquives, papa.
On esquive toujours, sans jamais l’avoue. On esquive la vérité quand une invitation à un repas de famille vous met au désespoir ou quand vous savez que tout finira mal ( parce que la vie finit toujours mal )mais que vous jouez à l’homme heureux et accompli. On esquive comme un boxeur face à un adversaire bien trop fort. Si vous n’esquivez pas, vous êtes mort. Tout de suite. “
Et je me suis totalement attaché à Pomme, le chien mâle de la famille… à qui il va arriver de sacré et terribles aventures tout au long de ce roman….
Un livre rempli de petits passages qui nous amènent à la réflexion :
” Je ne sais pas si l’amour , c’est entendre l’autre dire qu’il est heureux. Ou qu’il serait heureux, un peu grâce à nous ou grâce à l’une de nos décisions.”
J’avais déjà lu un autre roman de Michaël Uras : La maison à droite de celle de ma grand-mère que j’avais aussi beaucoup apprécié et qui était bien drôle et bien nostalgique également …