Alice adore Fatima, sa nounou. Ses parents, Valentine et Pierre, sont des personnes importantes, occupées, trop occupées pour s’occuper d’elle. Au gré des années et des soins, Fatima devient la mère que la vie concède à Alice, même si elle en fait parfois trop. Alice a huit ans quand Valentine, cherchant à reprendre en main l’éducation de sa fille, licencie brutalement Fatima. Cette décision va changer irrémédiablement le cours des vies de chacune…
Le trio fille, mère et nounou, et les protagonistes qui les entourent, sont plongés dans une tourmente qui questionne le rôle de chacun, l’égalité femme-homme et le poids de la généalogie dans nos vies.
Un très joli roman choral, qui ne peut que faire écho à ma vie professionnelle, puisque tout au long de ce roman sont distillées des citations de ma très chère Maria Montessori ( première femme médecin en Italie, et plus que très grande pédagogue…)
Un roman doux, un roman fort, un roman beau, qui nous parle de l’enfance, de l’éducation, qui nous parle de ce lien entre une mère et une fille, de ce lien entre une nounou et une fille…
J’ai aimé rencontrer ces trois femmes… et les découvrir.
Alice de Richebois, cette petite fille sensible , pleine d’intelligence et drôle qui vit dans une maison sans amour, dans une maison “témoin” , dans une maison dénudée de sentiment …
Heureusement que Fatima sa nounou depuis sa naissance lui apporte de quoi remplir son réservoir affectif. Fatima qui vit, elle dans les quartiers pauvres de Paris mais qui adore son travail , qui d’ailleurs est bien plus qu’un simple travail puisqu’elle donne tout ce qu’elle a pour élever Alice. Leur lien est si fort et si beau…
valentine de Barney, la maman d’Alice, cette femme élevée elle aussi sans amour et qui n’a pas réussi à faire un travail sur elle pour ne pas reproduire ce qu’elle avait subit… Elle ne vit que pour son travail, tout doit être parfait aussi bien dans sa maison, que dans son travail, que sa fille, que son couple …
Jusqu’a ce qu’un événement se produise et remette toute cette petit vie bien huilée en question…
Un trio auquel on s’attache et avec qui on vibre, on s’extasie, on vit tout simplement … porté par toutes ces fortes émotions.
La plume d’Amélie Matar est très belle, très lumineuse et très bienveillante. J’ai passé un excellent moment de lecture rempli de tendresse et de poésie…
Un roman criant de vérité sur l’éducation, sur la façon bienveillante d’élever des enfants, …
“J’adorais prendre soin des bébés. Je détestai cet emploi qui m’en empêchait. Dieu nous a donné deux bras et même en ouvrant les miens très largement, je n’arrivais pas à y accueillir tous ces bébés qui nous étaient confiés. De mon mieux, j’essayai d’assouvir les besoins de chacun, consolant l’un pendant que je berçais l’autre, courant éteindre les pleurs de celui-ci tandis que celui-là avait besoin d’être changé. Je finissais mes journées éreintée et frustrée de n’avoir pu répondre aux vrais besoins de chacun de ces bébés. J’étais en colère contre ceux, qui, à l’abri dans leur bureau , avaient mis en place un système qui broie les bébés et nie leurs besoins. Le triomphe du productivisme sur l’attachement.”